Un grand moment de théâtre pour le premier spectacle de la programmation dans la grande salle ! David Bobée nous surprend et nous ravit avec ce Dom Juan, fidèle au texte de Molière mais renouvelé, revivifié et actualisé par l’acuité des enjeux qu’il éclaire. David Bobée, qui dirige actuellement le Théâtre du Nord à Lille, propose un théâtre en interaction avec les questions de notre époque. Son approche de Dom Juan constitue une sorte d’archéologie de la domination. Cynisme de classe, violence dans les rapports sociaux, humiliation des faibles, mépris des femmes, le personnage de Dom Juan est une sorte de matrice d’une partie sombre toujours en œuvre aujourd’hui. David Bobée situe la pièce dans un univers de statues monumentales en partie détruites, renversées ; un paysage d’apocalypse minérale, où les protagonistes évoluent en portant les contrastes : univers crépusculaire de Dom Juan, vivacité et agilité d’autres figures, notamment de Sganarelle.

Lola Lafon nous invite dans son laboratoire d’écrivaine, à une performance littéraire et musicale, qui décline un abécédaire intime. Un spectacle où elle joue avec les mots, sans se payer de mots. En tant qu’écrivaine, déjà sept romans à son actif, Lola Lafon a un rapport très fort aux mots. Ils sont sa matière première, les briques de sa pensée et de son écriture. Ce sont des textes, des formes courtes, écrits pour la scène ou sélectionnés parmi ses chroniques dans la presse. Ils proposent une définition subjective d’un mot. Installés à chaque extrémité d’une longue table, table de travail, elle et son complice musicien vont jouer à une sorte de ping-pong, de joute : il lui indique un mot, et, à l’aide de ses cahiers où elle consigne ses notes, réflexions, ébauches, elle propose une définition en lien avec sa subjectivité, son intimité de femme engagée dans les enjeux de son temps. Des mots comme des madeleines, qui retentissent dans sa mémoire et dans la mémoire collective.

Un quatuor danse/musique/lumière proposé par Magda Kachouche, jeune chorégraphe accompagnée par le Théâtre du Beauvaisis, pour une fête où vont se mélanger rires et larmes, dans une célébration dionysiaque de la joie d’être au monde. La rose de Jéricho est une plante
du désert, dite immortelle. Elle peut subsister des années à demi-morte, desséchée, inerte. Dès lors que la pluie tombe ou qu’on l’arrose, elle reprend vie. Dans La rose de Jéricho, on croit aux fantômes et à leurs visitations espiègles. On croit en la vibration de leurs présences dans nos corps et nos psychés, à leurs possibles réanimations. C’est une histoire de glissement, de mutation, d’un corps à l’autre, du passé vers le futur, du futur vers le passé. Une célébration de nos héritages, et de ce qui nous rassemble. La rose de Jéricho est un bal-concert, une cérémonie punk et colorée pendant laquelle on s’offre une fête avec les vivants et les morts, les visibles et les invisibles. On y pleure, on y rit, on y danse…

L’Ensemble Contraste s’est donné comme but de croiser musique classique et musique populaire, pour mélanger les genres, provoquer la surprise. 15 quai des Grands Augustins à Paris se tient aujourd’hui un pub irlandais. Mais, pendant 25 ans, de 1951 à 1976 dans ces mêmes locaux, un cabaret parisien, L’Écluse, était installé et a vu se produire la fine fleur de la chanson française des années 50/60. La chanteuse Barbara y apparaissait en 1958, sous le nom de « la chanteuse de minuit ». L’immortelle créatrice de tant de chansons magnifiques chantait dans ce lieu exigu devant vingt ou trente personnes émerveillées. Retrouvez ce répertoire qui reste actuel, et ancré dans notre mémoire collective, lors de cette soirée présentée par l’Ensemble Contraste et la mezzo-soprano Albane Carrère. Cet ensemble, que nous avons déjà rencontré avec la chanteuse Rosemary Standley (Schubert in love) nous accompagne pour « Une petite cantate », « Dis, quand reviendras-tu ? », « La solitude », « L’aigle noir », « Ma plus belle histoire d’amour »… La chanteuse, l’accordéon, l’alto, le piano et la contrebasse s’approprient les plus belles chansons de Barbara avec l’élégance des musiciens classiques.

Entière, authentique et généreuse, Sandra Nkaké est une artiste, chanteuse, auteure et compositrice française née au Cameroun qui a créé un univers qu’elle n’a de cesse de réinventer, d’explorer. Sa voix puissante et singulière se déploie sur scène avec une ampleur et un magnétisme que le public reçoit comme un cadeau. Sandra Nkaké est une des voix les plus émouvantes de la scène actuelle. Scars, son quatrième album, est un bijou de chansons soul puissantes et organiques qui nous font voyager en apesanteur, suspendus au souffle majestueux et aux mots de Sandra. Son retour tant attendu nous captive et nous entraine dans un univers qui fait la part belle à l’énergie du rock, à des balades folk qui émeuvent dès les premières notes.


Pur-Sang, c’est Claire et Skye. Autrices, compositrices, musiciennes, et inséparables amies. Leur musique folk, fraîche et lumineuse, nous ouvre des fenêtres qu’on pensait fermées. Elle invite au voyage et à la félicité. Depuis janvier 2024, ces artistes participent à un projet autour des
berceuses avec l’ASCA. Un temps fort aura lieu le même week-end (16 et 17 novembre) à la Maladrerie Saint-Lazare… Soyez curieux !

Un cirque sensible, intime, pour un témoignage personnel, qui ouvre un espace commun où chacun peut se retrouver, se questionner, s’émouvoir. Installés au plus près de l’artiste par un dispositif scénographique en cercle, les spectatrices et spectateurs sont conviés à partager un moment de cirque intime, à partir des difficultés, des empêchements et des blessures de l’interprète. Cette création naît de l’envie de communiquer sur ce que ces vicissitudes ont appris à Katell Le Brenn, contorsionniste et acrobate, la manière dont elles l’ont finalement construite, comme un encouragement à accueillir la vie telle qu’elle se présente, à accepter qu’elle soit mouvement, fragile. Au-delà de son cas particulier, c’est aussi une leçon de vie que l’artiste veut transmettre : transformer ses faiblesses en force, réélaborer ce qui blesse, ce qui rend triste pour avancer, aller plus loin. Il s’agira de montrer ce que l’on cache. De dire ce que l’on tait. De crier ce que l’on chuchote. De chuchoter ses secrets. De rire de ce que l’on pleure. De pleurer à force de rire. De ne pas se plaindre. De partager. De s’amuser. De continuer.

Sept interprètes pour un voyage méditatif sous la charpente séculaire de la grange médiévale, accompagné par les nappes sonores de Kasper T. Toeplitz, le complice de toujours. Ralentissez, laissez venir à vous l’ici et maintenant. Dans le cadre de notre partenariat avec le Festival d’Automne à Paris, nous avons le plaisir de vous proposer Rêche, la dernière création de Myriam Gourfink, artiste associée au Théâtre du Beauvaisis, après sa création au Panthéon. Dans cette pièce, il s’agit de donner forme à des volumes susceptibles d’absorber ce qu’elle nomme le rêche, « les comportements durs, rugueux à l’égard de soi-même et de l’autre » pour les convertir en douceur ; de se laisser saisir par des vibrations lumineuses et sonores qui, comme de délicates chambres à air, amortissent chaque geste et le ralentissent. Comme à son habitude, Myriam propose de créer un état d’envoûtement et de sidération, de favoriser une entrée dans une méditation enveloppante, en proposant à ses sept interprètes une lente évolution qui démarre au sol.

Sa famille pourrait être la nôtre. Son parcours est celui de beaucoup de femmes. Notre rôle est de provoquer la parole. Raphaëlle Boitel
Avec Ombres portées, Raphaëlle Boitel écrit l’histoire de K., jeune femme écorchée qui tente de parler à son père pour s’extraire du silence familial. Et qui se cogne aux zones d’ombres portées par chaque être de son entourage. Dans une atmosphère en clair-obscur, six interprètes se croisent, se scrutent et se dérobent au regard dans une succession de tableaux cinématographiques, à la lisière de l’acrobatie aérienne, de la danse et du théâtre. S’emparant de la question du non-dit, Raphaëlle Boitel ramène des mots dans une écriture métaphorique teintée d’humour noir. Et s’appuie sur la pénombre pour révéler la lumière derrière la quête identitaire.

Le temps d’une parodie on ne peut plus baroque, partons sur les traces de Médée, héroïne qui nous fait pleurer et bien rire à la fois. Les Surprises tordent le cou à la morosité avec ce spectacle réjouissant où l’esprit de la farce domine de bout en bout. L’histoire de Médée est celle d’une déracinée (elle est étrangère en tout pays), qui commet des meurtres affreux par amour pour Jason : le demi-frère de Médée coupé en morceaux et dispersé dans la mer, Créon rendu fou et brûlé dans son palais avec la princesse Créuse et finalement les deux enfants que Médée a eus avec Jason, eux aussi sacrifiés. Depuis Euripide en 641 av. J.-C., cette figure a inspiré de nombreux artistes dans tous les domaines : littérature, théâtre, peinture et bien sûr opéra. Magie, poison,
crime et trahison : le destin de Médée peut cependant aussi nous faire rire. Il suffit pour ce faire de ressusciter la forme de la parodie, telle qu’elle était pratiquée à l’époque baroque dès qu’un opéra connaissait le succès. Avec ce spectacle, on se gausse autant de l’anti-héros Jason que du mégalomane Créon, ou encore d’une actrice qui se prend pour une célèbre cantatrice. On invite à la rencontre du sublime et du comique, de la danse et du vaudeville, des airs de démons et des airs de marins.

Roman de Cocteau, film de Melville, opéra de Philip Glass, cette transgressive histoire d’amours adolescentes n’en finit plus de fasciner. La grande artiste Phia Ménard en fait une transposition magnétique dans un EHPAD, où les corps vieillissants, néanmoins ardents, sont entraînés dans une spectaculaire scénographie en perpétuel mouvement, mettant en valeur l’ahurissante circulation du désir. La musique répétitive et continue, dirigée par Emmanuel Olivier et interprétée par quatre chanteurs et trois pianistes présents sur scène, place elle aussi le spectateur dans un état proche de la transe, et célèbre le pouvoir de l’imaginaire sur l’être humain, qui, jusqu’à sa dernière heure, reste émerveillé, amoureux et jaloux !