Un cirque sensible, intime, pour un témoignage personnel, qui ouvre un espace commun où chacun peut se retrouver, se questionner, s’émouvoir. Installés au plus près de l’artiste par un dispositif scénographique en cercle, les spectatrices et spectateurs sont conviés à partager un moment de cirque intime, à partir des difficultés, des empêchements et des blessures de l’interprète. Cette création naît de l’envie de communiquer sur ce que ces vicissitudes ont appris
à Katell Le Brenn, contorsionniste et acrobate, la manière dont elles l’ont finalement construite, comme un encouragement à accueillir la vie telle qu’elle se présente, à accepter qu’elle soit mouvement, fragile. Au-delà de son cas particulier, c’est aussi une leçon de vie que l’artiste veut transmettre : transformer ses faiblesses en force, réélaborer ce qui blesse, ce qui rend triste pour avancer, aller plus loin. Il s’agira de montrer ce que l’on cache. De dire ce que l’on tait. De crier ce que l’on chuchote. De chuchoter ses secrets. De rire de ce que l’on pleure. De pleurer à force de rire.
De ne pas se plaindre. De partager. De s’amuser. De continuer.

Sept interprètes pour un voyage méditatif sous la charpente séculaire de la grange médiévale, accompagné par les nappes sonores de Kasper T. Toeplitz, le complice de toujours. Ralentissez, laissez venir à vous l’ici et maintenant. Dans le cadre de notre partenariat avec le Festival d’Automne à Paris, nous avons le plaisir de vous proposer Rêche, la dernière création de Myriam Gourfink, artiste associée au Théâtre du Beauvaisis, après sa création au Panthéon. Dans cette pièce, il s’agit de donner forme à des volumes susceptibles d’absorber ce qu’elle nomme le rêche, « les comportements durs, rugueux à l’égard de soi-même et de l’autre » pour les convertir en douceur ; de se laisser saisir par des vibrations lumineuses et sonores qui, comme de délicates chambres à air, amortissent chaque geste et le ralentissent. Comme à son habitude, Myriam
propose de créer un état d’envoûtement et de sidération, de favoriser une entrée dans une méditation enveloppante, en proposant à ses sept interprètes une lente évolution qui démarre au sol.

Sa famille pourrait être la nôtre. Son parcours est celui de beaucoup de femmes. Notre rôle est de provoquer la parole. Raphaëlle Boitel
Avec Ombres portées, Raphaëlle Boitel écrit l’histoire de K., jeune femme écorchée qui tente de parler à son père pour s’extraire du silence familial. Et qui se cogne aux zones d’ombres portées par chaque être de son entourage. Dans une atmosphère en clair-obscur, six interprètes se croisent, se scrutent et se dérobent au regard dans une succession de tableaux cinématographiques, à la lisière de l’acrobatie aérienne, de la danse et du théâtre. S’emparant de la question du non-dit, Raphaëlle Boitel ramène des mots dans une écriture métaphorique teintée d’humour noir. Et s’appuie sur la pénombre pour révéler la lumière derrière la quête identitaire.

Le temps d’une parodie on ne peut plus baroque, partons sur les traces de Médée, héroïne qui nous fait pleurer et bien rire à la fois. Les Surprises tordent le cou à la morosité avec ce spectacle réjouissant où l’esprit de la farce domine de bout en bout. L’histoire de Médée est celle d’une déracinée (elle est étrangère en tout pays), qui commet des meurtres affreux par amour pour Jason : le demi-frère de Médée coupé en morceaux et dispersé dans la mer, Créon rendu fou et brûlé dans son palais avec la princesse Créuse et finalement les deux enfants que Médée a eus avec Jason, eux aussi sacrifiés. Depuis Euripide en 641 av. J.-C., cette figure a inspiré de nombreux artistes dans tous les domaines : littérature, théâtre, peinture et bien sûr opéra. Magie, poison,
crime et trahison : le destin de Médée peut cependant aussi nous faire rire. Il suffit pour ce faire de ressusciter la forme de la parodie, telle qu’elle était pratiquée à l’époque baroque dès qu’un opéra connaissait le succès. Avec ce spectacle, on se gausse autant de l’anti-héros Jason que du mégalomane Créon, ou encore d’une actrice qui se prend pour une célèbre cantatrice. On invite à la rencontre du sublime et du comique, de la danse et du vaudeville, des airs de démons et des airs de marins.

Roman de Cocteau, film de Melville, opéra de Philip Glass, cette transgressive histoire d’amours adolescentes n’en finit plus de fasciner. La grande artiste Phia Ménard en fait une transposition magnétique dans un EHPAD, où les corps vieillissants, néanmoins ardents, sont entraînés dans une spectaculaire scénographie en perpétuel mouvement, mettant en valeur l’ahurissante circulation du désir. La musique répétitive et continue, dirigée par Emmanuel Olivier et interprétée par quatre chanteurs et trois pianistes présents sur scène, place elle aussi le spectateur dans un état proche de la transe, et célèbre le pouvoir de l’imaginaire sur l’être humain, qui, jusqu’à sa dernière heure, reste émerveillé, amoureux et jaloux !

LE PIANO RAYONNANT

Considérée comme l’une des grandes personnalités du piano d’aujourd’hui, Anne Queffélec jouit d’un rayonnement exceptionnel sur la vie musicale. La « Duchesse Anne », tradition bretonne oblige pour cette amoureuse de ses origines, clôture en apothéose l’édition 2024 de Pianoscope. Cœur gros comme ça, Anne donne un vrai sens à la transmission en ne s’octroyant qu’un unique concert, celui de clôture. Les jours précédents, elle a offert la scène à la génération future, celle des
Julien Beautemps, Aude-Liesse Michel, Gabriel Durliat, Charles Heisser, et proposé des répertoires inédits, tel le chant ou le quatuor à cordes. Une carte blanche à son image, discrète et à la fois très présente. En haut de l’affiche des plus grandes scènes nationales et internationales, elle est plébiscitée en Europe, au Japon, à Hong Kong, au Canada et aux États-Unis. Son répertoire est sans limite, et nul doute qu’elle offrira le meilleur au public à Beauvais.

LIAISONS MAGNÉTIQUES

Une belle surprise accueille le public fidèle de Pianoscope : le concert d’ouverture présente pour la première fois sur scène un quatuor à cordes, les Voce, accompagné bien sûr d’un pianiste, le prometteur Gaspard Dehaene. Depuis vingt ans, les Voce parcourent les routes du monde entier, d’Helsinki au Caire et de Tokyo à Bogota. Ils s’attachent à défendre les grandes pièces du répertoire classique, seuls ou aux côtés d’artistes d’exception. Le programme qu’ils ont choisi brille d’un éclat particulier car il propose des chefs-d’œuvre rares du répertoire de musique de chambre : une page d’exception avec le dernier quatuor à cordes écrit par Mozart, suivi par le seul quatuor composé par Ravel alors tout jeune et baigné d’une « luminosité adolescente. » Entre en scène Gaspard Dehaene, dont la passion d’enfance était le tennis qu’il abandonna à 16 ans pour le piano. Depuis, s’il a repris la compétition de tennis, le piano est la passion de sa vie. Passion qui explosera
dans le Quintette pour cordes et piano de Dvořák, une œuvre enfiévrée aux accents bohémiens.

Dans sa cuisine, Anissa nous invite sur les traces de son histoire en nous préparant de succulentes pâtisseries. Anissa et Ahmed Madani se sont rencontrés à l’occasion d’un cycle de spectacles qu’il créait sur les jeunes des cités, auquel elle participait. Lors d’une discussion, elle lui
a confié qu’elle ne connaissait pas son père, parti au moment où sa compagne lui avait annoncé qu’elle était enceinte. À partir de cette absence, du non de ce père manquant, elle a construit pendant son enfance un père rêvé. Un jour elle put retrouver sa trace. Étonné et ému par cette histoire, Ahmed la persuada de partir à sa rencontre. Il l’a accompagnée dans cette entreprise. Le spectacle reconstitue le cheminement de cette enquête, où suspens et émotions ne manquent pas.

Bienvenue dans le nouveau vaisseau spatial imaginé par Boris Gibé pour voler vers de singulières aventures métaphysiques. Boris Gibé, dont nous avions présenté L’Absolu, cherche, de spectacle en spectacle, à nous plonger dans un univers inattendu et déroutant. Mais s’agit-il de spectacle, en fait ? Il serait plus juste de parler d’expérience à vivre et à partager, dans le déploiement de chocs visuels et sonores propres à vous désorienter, à vous entraîner dans un tourbillon où vos sens s’égarent. Avec Anatomie du désir, il reconstitue un panocticum, dispositif utilisé autrefois en anatomie, comme de véritables petits Théâtres où se pressaient des étudiants et des curieux amateurs de sensations fortes, puisque l’on y disséquait des cadavres, à des fins pédagogiques. Boris Gibé nous convie ici à une étrange cérémonie. En utilisant toutes sortes d’effets spéciaux il trouble nos sens et nous donne à voir d’étranges transformations où se brouillent les frontières entre réel et imaginaire, masculin et féminin.

« Partager des livres avec un tout-petit, c’est l’accompagner dans son désir de grandir » Jeanne Ashbé. Dans le décor d’un arbre aux feuilles multicolores, un bébé fraîchement sorti de son cocon part en quête d’un « nouvel endroit » où il se sentirait moins à l’étroit. Il sera ici question de susciter la curiosité du lecteur, grâce au Kamishibaï et au mode narratif singulier qu’il propose. Puis dans un second temps d’offrir la possibilité aux enfants d‘être entourés de livres, mais également d’objets tactiles à manipuler en lien avec la forme contée.