Quantité de fées musiciennes se sont penchées sur le berceau de Thomas Enhco il y a trente-cinq ans. Depuis, Thomas est devenu compositeur, pianiste de jazz comme de classique, violoniste, parfois chef, et il va exprimer ses multiples talents tour à tour, avec naturel et simplicité.

Le Murmure des Oiseaux qu’il a composé lui a été inspiré par « les milliers d’étourneaux qui virevoltent, tournoient, changent soudainement de direction sans jamais se heurter. » Il en est également l’interprète au piano, avec, à ses côtés, la violoniste Sarah Nemtanu, premier violon solo de l’Orchestre national de France et soliste hors pair. Véritable magicien, Enhco devient pianiste classique dans le Concerto en sol de Ravel, aux accents très jazzy. La soirée se conclut avec la puissance de feu orchestrale de la Symphonie n° 9 dite la « Grande » de Schubert, sans Enhco, mais dirigée par la baguette, forcément magique, de Johanna Malangré, directrice musicale de l’Orchestre de Picardie qui assure le concert.

Dans Gravité, Angelin Preljocaj joue avec l’ennemi du danseur : ce qui l’attire vers le sol et le cloue. Il demande donc à ses interprètes de s’affranchir de la pesanteur, de déployer leurs corps comme autant de figures d’un feu d’artifice incarné, dans un ballet réglé au millimètre, captivant et graphique.

Le plateau baigne dans une lumière lyrique, et les corps s’y attirent et s’y repoussent. Ils s’envolent, ou au contraire s’ancrent dans le sol, selon une partition musicale des plus éclectiques : de Bach à Daft Punk, Xenakis, Chostakovitch, Philip Glass. Le spectacle se conclue sur une interprétation magnifique du Boléro de Ravel. Sa méditation sur la gravité conduit le chorégraphe virtuose à nous offrir un hommage à la grâce dans une écriture des corps au croisement du classique et du contemporain.