Imprégné de toute la chaleur et la mélancolie liées aux impressions d’enfance, Toutes les choses géniales, de Duncan Macmillan, est un texte autant léger que son sujet est grave : on y suit en effet l’histoire d’une personne qui raconte son expérience de la perte d’un proche à travers un échange avec le public simple et ludique.
Derrière le récit de cette traversée singulière, la pièce invite chacun à questionner son rapport à la vie et à la mort, avec un humour vivifiant. Sans mièvrerie et dans un rapport au public direct, le comédien Didier Cousin flirte avec le stand-up, rythme sa liste hétéroclite des musiques de Cab Calloway, Billie Holiday… et propose finalement un spectacle qui trouve dans les différentes étapes de la vie toutes les raisons de poursuivre jusqu’à la prochaine. Ça commence par une liste au parfum d’enfance : les glaces, les batailles d’eau, les montagnes russes… et ça débouche sur un questionnement profond entre l’acteur et le public sur ce qui fait le prix de la vie.
Dany Laferrière est écrivain. Son premier roman Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer explose en 1985 dans le ciel littéraire du Québec. Depuis, il construit une œuvre patiente et puissante qui illumine les nuits de ses lecteurs. Adaptée au cinéma, traduite mondialement, elle lui vaut de nombreuses distinctions dont le Prix Médicis, et son élection en 2013 au fauteuil 2 de l’Académie française, celui de Montesquieu et de Dumas fils et dont le dernier occupant fut Bianciotti qu’il rejoint dans l’admiration de Borges. À 70 ans, il publie Un certain art de vivre, ce mince livre qui lui aura pris plus de temps que tout autre, car il les contient tous.
Écrivaine attentive aux remous intérieurs des êtres et aux répercussions des échos du monde en chacun de nous. Dans Vivre vite, prix Goncourt 2022 aux éditions Flammarion, elle revient vingt ans après sur la mort de son mari en moto. Un roman qui est une réflexion sur le destin, le hasard, les coïncidences.
L’un des écrivains les plus féconds de notre temps, dont la pensée brillante et le souffle puissant ne cessent d’interroger nos blessures, nos limites. Son dernier livre, Une histoire du vertige (Verdier, 2023), parle des écarts, des tremblements, entre la langue et la vie nue.
L’esprit et la culture hérités de l’antiquité habitent Beethoven, l’homme comme l’artiste. L’idée d’un art bienfaiteur de l’humanité est au cœur de sa démarche créatrice, et la figure du poète antique recoupe chez lui celle du héros romantique. À un moment clé de l’histoire de l’occident, Beethoven investit la musique d’un pouvoir essentiel pour l’homme, celui de lui indiquer la voie d’un monde meilleur. Il attribue à l’art un rôle libérateur. Parmi les figures mythiques invoquées par le compositeur, il en est une centrale, celle de Prométhée…
En lien avec Candide et L’Iliade et L’Odyssée.
Qu’est-ce que l’aventure ? Quelles sont ses différentes formes ?
Jankélévitch : L’aventure, l’ennui, le sérieux, GF
Philippe Perrot : Devenir soi-même, HD philosophie
Giorgio Agamben : L’aventure, Rivages poche Payot
Les Géants de la montagne est la dernière pièce, non achevée, de Pirandello, décédé en 1936. Ce texte est une métaphore de la réalité que vit l’Italie des années 30, avec le fascisme.
Pirandello y pose la question de ce que deviennent les sociétés si des mythes adaptés à leur situation ne les soutiennent pas. Le magicien Cotrone et sa troupe vivent à l’écart du monde, dans une villa où les pouvoirs de l’imaginaire, de la magie et de l’irréel ont toute leur place. Ils y accueillent la troupe de théâtre d’une comtesse, ruinée et rejetée de partout après l’échec de La Fable de l’enfant échangé. Cotrone propose aux acteurs de répéter et de représenter la pièce en petit comité, mais la comtesse tient à la jouer en public. S’ouvre alors la possibilité d’interpréter la Fable devant les Géants de la montagne, des habitants riches et brutaux, qui ont contraint les forces de la nature à obéir à leur volonté.
En lien avec Les Géants de la montagne.
Fantaisie, politique, utopie, que faire de l’imaginaire ?
Cynthia Fleury : Imagination, imaginaire, imaginal, PUF
Hélène Védrine : Les grandes conceptions de l’imagi-naire, Poche
Deux interprètes d’exception, Rodrigo Ferreira au chant et Ronan Khalil au piano, pour explorer les univers notamment de Cláudio Santoro, Marlos Nobre, Heitor Villa-Lobos, Waldemar Henrique…
Saudades do Brasil est un voyage tentant de capter l’immensité de ce pays par l’inspiration de son peuple, son histoire, sa culture, son authenticité ayant été saisies par quelques-uns de nos compositeurs les plus notoires. Découpé en quatre régions, la première plus urbaine pour le Sud-Est, ensuite le Nord-Est côtier, port d’arrivée des esclaves avec son syncrétisme, une respiration avec une pièce au piano solo qui fait le pont vers la région Centre avec les immenses et solitaires plaines du « Sertao » pour finir au Nord-Ouest amazonien nourri par le folklore des contes et légendes indigènes. Attention très spéciale aux pièces du cycle Chansons d’Amour de Cláudio Santoro, qui, selon les savants et les musicologues, serait l’œuvre fondatrice de la Bossa-Nova.
La compagnie Mon Grand l’Ombre excelle dans la fabrication de spectacles hybrides, où se mélangent avec allégresse musique, cinéma d’animation, théâtre, créant ainsi un langage très singulier au service d’histoires poétiques et dépaysantes.
Muerto o vivo ! s’inspire de la tradition mexicaine. Un gouverneur tyrannique, aux caprices sans bornes, et qui est terrorisé par la mort, soumet toute la population d’une ville, et entend la faire travailler à son service exclusif. Pourtant un immeuble résiste à cette fureur totalitaire. Deux policiers idiots mènent l’enquête, mais leurs maladresses conduiront le tyran à rencontrer les habitants de cet immeuble tant redouté : des petits squelettes facétieux, joyeux et délurés, conduits par La Muerta elle-même ! Les trois interprètes du spectacle jouent en direct la partition sonore – y compris les voix de ce dessin animé projeté sur grand écran : une expérience étonnante et stimulante.