Les Géants de la montagne est la dernière pièce, non achevée, de Pirandello, décédé en 1936. Ce texte est une métaphore de la réalité que vit l’Italie des années 30, avec le fascisme.

Pirandello y pose la question de ce que deviennent les sociétés si des mythes adaptés à leur situation ne les soutiennent pas. Le magicien Cotrone et sa troupe vivent à l’écart du monde, dans une villa où les pouvoirs de l’imaginaire, de la magie et de l’irréel ont toute leur place. Ils y accueillent la troupe de théâtre d’une comtesse, ruinée et rejetée de partout après l’échec de La Fable de l’enfant échangé. Cotrone propose aux acteurs de répéter et de représenter la pièce en petit comité, mais la comtesse tient à la jouer en public. S’ouvre alors la possibilité d’interpréter la Fable devant les Géants de la montagne, des habitants riches et brutaux, qui ont contraint les forces de la nature à obéir à leur volonté.


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Cynthia Fleury : Imagination, imaginaire, imaginal, PUF
Hélène Védrine : Les grandes conceptions de l’imagi-naire, Poche

La compagnie Mon Grand l’Ombre excelle dans la fabrication de spectacles hybrides, où se mélangent avec allégresse musique, cinéma d’animation, théâtre, créant ainsi un langage très singulier au service d’histoires poétiques et dépaysantes.

Muerto o vivo ! s’inspire de la tradition mexicaine. Un gouverneur tyrannique, aux caprices sans bornes, et qui est terrorisé par la mort, soumet toute la population d’une ville, et entend la faire travailler à son service exclusif. Pourtant un immeuble résiste à cette fureur totalitaire. Deux policiers idiots mènent l’enquête, mais leurs maladresses conduiront le tyran à rencontrer les habitants de cet immeuble tant redouté : des petits squelettes facétieux, joyeux et délurés, conduits par La Muerta elle-même ! Les trois interprètes du spectacle jouent en direct la partition sonore – y compris les voix de ce dessin animé projeté sur grand écran : une expérience étonnante et stimulante.

Loss, ou comment une approche subtile et intelligente du théâtre permet d’aborder tous les sujets, et d’apprivoiser nos craintes devant les évènements de la vie.

Dans Loss, une famille, père, mère et sœur, va refuser la mort de leur fils et frère. En effet, le jeune homme, Rudy, un jour n’est pas rentré du lycée. Devant cette réalité tragique, Noëmie Ksicova, nouvelle artiste associée au Théâtre du Beauvaisis, rassemble les ressources du geste artistique pour transformer la perte en une autre façon de vivre avec l’absent. Avec l’aide de sa petite amie, qui parfois endosse les habits du disparu, ils font revivre Rudy. Le deuil prend petit à petit la forme d’une aventure lumineuse, partagée par ces quatre êtres qui apprennent à vivre avec des dimensions du monde que notre modernité rationnelle exclut. Comme l’écrit la metteuse en scène : « pourquoi le seul destin des morts serait leur inexistence ? » Un spectacle tout en délicatesse et en proximité porté par des interprètes étonnants.

Prendre la main de l’autre, lever son poing, s’enlacer, célébrer. Depuis plus de dix ans, la chorégraphe Joanne Leighton collecte avec minutie des photographies de rassemblements.

De la fête à la protestation, d’un continent à un autre, près d’un millier d’images compose ce corpus, devenu le point de départ de People United. Qu’il s’agisse d’une scène de liesse ou d’une fête de famille, d’une manifestation publique ou d’un groupement citoyen, neuf danseuses et danseurs se fondent dans la peau de ces clichés et redonnent chair à ces images toujours authentiques, brutes et capturées sur le vif. Par leur répétition, leur juxtaposition, telle une cartographie mouvante du savoir visuel, le groupe réactive des gestes ancestraux. Ces gestes qui tous nous unissent et fondent notre humanité. Entre immobilité et chaos, People United affirme ainsi une expression commune : un vocabulaire physique familier et partagé.

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Collectif : Ne pas dire, Collection Rencontres n°50
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Clé d’écoute pour mieux saisir deux grandes œuvres.

Si la Messe op.48 de Fauré est sans doute l’un des Requiems les plus joués (avec ceux de Mozart et de Verdi) et son œuvre la plus connue, elle ne manque pas de nous interroger… Sa composition s’est répartie sur près d’une douzaine d’années pendant lesquelles plusieurs versions se sont succédées. Et puis, malgré ses fonctions d’organiste de La Madeleine, l’on a dit Fauré agnostique : quel message nous délivre-t-il au travers de cette œuvre si particulière ?

Dans La Forêt de glace, les images vidéo, la musique (composée en direct et à vue), le texte (adapté du roman Le Palais de glace de l’écrivain norvégien Tarjei Vesaas) et la danse se rencontrent pour composer une forme à la frontière du ciné-concert et du spectacle vivant.

Dans un paysage de légende façonné par le froid et la glace, au cœur de l’interminable automne norvégien, deux fillettes se découvrent et se reconnaissent. Siss et Unn, Unn et Siss. De caractère apparemment opposé, elles s’attirent et se troublent, jusqu’au soir où les yeux plongés dans un même miroir, elles scellent un pacte, un lien aussi indéfectible qu’inexplicable, ténu comme un cristal de givre et puissant comme le palais de glace figé au pied de la cascade. Le lendemain Unn disparaît… Une intrigue, mystérieuse qui permet une libre interprétation : Siss et Unn sont-elles deux ? Ou bien n’est ce que l’évocation d’une seule et même fillette qui voit s’évanouir l’enfant en elle pour devenir une jeune fille ?

Autour de la piste, artistes et public se confondent. Les neuf circassiens et danseurs surgissent de partout, explorent la piste, leurs corps, leurs limites et nous embarquent avec eux, dans ce doux vertige de la danse.

Évoluant avec aisance sur le parquet, les huit danseurs sont aussi des acrobates de cirque. Assis tout autour d’eux, on est soufflé par la beauté de leurs mouvements et par la facilité avec laquelle ils transforment une petite valse en duo de portés acrobatiques ! Un tango ou un mambo, un rock, des slows, des valses, des rondeaux, du jazz et les portés s’enchaînent, les pas de danse s’en mêlent et l’on est emporté par la rythmique de la musique du DJ en bord de piste… Mélangeant les frontières entre public et interprètes, on est pris dans l’étreinte des danses populaires et collectives, les folles farandoles, les chaînes et autres rondes. Tous ensemble, on se laisse emporter par l’énergie communicative des artistes, et on finit par embrasser la fête.

Dans le cadre du partenariat avec le Festival d’Automne à Paris, nous sommes heureux de vous présenter un programme autour de Trisha Brown (1936-2017), une chorégraphe majeure de la danse contemporaine mondiale.

Elle a collaboré avec de nombreux artistes, plasticiens, compositeurs, musiciens. Le « mouvement brownien » se caractérise par la mise en espace de formes très élaborées à partir d’une fluidité séduisante et sensuelle. Aujourd’hui la Trisha Brown Dance Company fait vivre l’héritage artistique de Trisha Brown, notamment en reprenant et diffusant les grandes pièces du répertoire. C’est dans cet esprit de conservation et de renouvellement qu’une commande a été passée à Noé Soulier, directeur du CCN d’Angers. Ce qui l’a particulièrement intéressé, c’est de confronter l’approche du mouvement qu’il développe à la manière unique d’aborder le mouvement que partage ce groupe d’interprètes. Il se situe ainsi dans une filiation, car au-delà de leurs différences, son geste porte la marque de la grande chorégraphe.

Un programme à mettre en regard de celui consacré à Pina Bausch et Boris Charmatz avec Café Müller à la MCA.