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Fantaisie, politique, utopie, que faire de l’imaginaire ?

Cynthia Fleury : Imagination, imaginaire, imaginal, PUF
Hélène Védrine : Les grandes conceptions de l’imagi-naire, Poche

Deux interprètes d’exception, Rodrigo Ferreira au chant et Ronan Khalil au piano, pour explorer les univers notamment de Cláudio Santoro, Marlos Nobre, Heitor Villa-Lobos, Waldemar Henrique…

Saudades do Brasil est un voyage tentant de capter l’immensité de ce pays par l’inspiration de son peuple, son histoire, sa culture, son authenticité ayant été saisies par quelques-uns de nos compositeurs les plus notoires. Découpé en quatre régions, la première plus urbaine pour le Sud-Est, ensuite le Nord-Est côtier, port d’arrivée des esclaves avec son syncrétisme, une respiration avec une pièce au piano solo qui fait le pont vers la région Centre avec les immenses et solitaires plaines du « Sertao » pour finir au Nord-Ouest amazonien nourri par le folklore des contes et légendes indigènes. Attention très spéciale aux pièces du cycle Chansons d’Amour de Cláudio Santoro, qui, selon les savants et les musicologues, serait l’œuvre fondatrice de la Bossa-Nova.

La compagnie Mon Grand l’Ombre excelle dans la fabrication de spectacles hybrides, où se mélangent avec allégresse musique, cinéma d’animation, théâtre, créant ainsi un langage très singulier au service d’histoires poétiques et dépaysantes.

Muerto o vivo ! s’inspire de la tradition mexicaine. Un gouverneur tyrannique, aux caprices sans bornes, et qui est terrorisé par la mort, soumet toute la population d’une ville, et entend la faire travailler à son service exclusif. Pourtant un immeuble résiste à cette fureur totalitaire. Deux policiers idiots mènent l’enquête, mais leurs maladresses conduiront le tyran à rencontrer les habitants de cet immeuble tant redouté : des petits squelettes facétieux, joyeux et délurés, conduits par La Muerta elle-même ! Les trois interprètes du spectacle jouent en direct la partition sonore – y compris les voix de ce dessin animé projeté sur grand écran : une expérience étonnante et stimulante.

Loss, ou comment une approche subtile et intelligente du théâtre permet d’aborder tous les sujets, et d’apprivoiser nos craintes devant les évènements de la vie.

Dans Loss, une famille, père, mère et sœur, va refuser la mort de leur fils et frère. En effet, le jeune homme, Rudy, un jour n’est pas rentré du lycée. Devant cette réalité tragique, Noëmie Ksicova, nouvelle artiste associée au Théâtre du Beauvaisis, rassemble les ressources du geste artistique pour transformer la perte en une autre façon de vivre avec l’absent. Avec l’aide de sa petite amie, qui parfois endosse les habits du disparu, ils font revivre Rudy. Le deuil prend petit à petit la forme d’une aventure lumineuse, partagée par ces quatre êtres qui apprennent à vivre avec des dimensions du monde que notre modernité rationnelle exclut. Comme l’écrit la metteuse en scène : « pourquoi le seul destin des morts serait leur inexistence ? » Un spectacle tout en délicatesse et en proximité porté par des interprètes étonnants.

Prendre la main de l’autre, lever son poing, s’enlacer, célébrer. Depuis plus de dix ans, la chorégraphe Joanne Leighton collecte avec minutie des photographies de rassemblements.

De la fête à la protestation, d’un continent à un autre, près d’un millier d’images compose ce corpus, devenu le point de départ de People United. Qu’il s’agisse d’une scène de liesse ou d’une fête de famille, d’une manifestation publique ou d’un groupement citoyen, neuf danseuses et danseurs se fondent dans la peau de ces clichés et redonnent chair à ces images toujours authentiques, brutes et capturées sur le vif. Par leur répétition, leur juxtaposition, telle une cartographie mouvante du savoir visuel, le groupe réactive des gestes ancestraux. Ces gestes qui tous nous unissent et fondent notre humanité. Entre immobilité et chaos, People United affirme ainsi une expression commune : un vocabulaire physique familier et partagé.

C’est l’histoire d’un jeune homme de vingt ans en 1943 qui fait des études de droit, aime pour la première fois et se passionne pour les romans d’aventure. Un jeune homme qui est brusquement arraché à son quotidien et réquisitionné pour le Service du Travail Obligatoire en Allemagne.

Un jeune homme qui à son retour en 1945 arrête ses études de droit, éprouve de la haine pour son premier amour et est dans l’incapacité d’ouvrir un livre. Un jeune homme de vingt-deux ans qui comprend que son père l’a sacrifié. À l’image d’un fantôme qui reviendrait hanter la scène du drame, ce jeune homme nous raconte les événements qui ont précédé et suivi son séjour en Allemagne. Il ne s’agit pas d’un spectacle historique sur le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) mais plutôt de suivre l’itinéraire d’un sacrifié autour du repas qui marque son départ et celui qui « fête » son retour. Une forme théâtrale adaptée pour jouer partout, et qui délivre une grande réflexion sur le devoir et l’amour.

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Secret ? Mensonge ? Pourquoi n’est-il pas ? Quelles sont ses conséquences ?

Collectif : Ne pas dire, Collection Rencontres n°50
Nicole Fernandez Bravo : Lire entre les lignes : l’implicite et le non-dit, PIA

L’Ensemble Aedes et Les Siècles, sous la direction de Mathieu Romano, célèbrent le centenaire de la mort de Gabriel Fauré avec une de ses œuvres les plus emblématiques, sa Messe de Requiem, précédée d’un chef-d’œuvre pour chœur de Francis Poulenc : Figure humaine, composé en 1943 sur des textes de Paul Éluard, s’achevant sur le bouleversant poème Liberté, j’écris ton nom, dans un « triomphe final de la liberté sur la tyrannie ».

Chef polyvalent et en quête perpétuelle d’expériences nouvelles, Mathieu Romano met à profit sa grande connaissance des voix solistes, du chœur et de l’orchestre pour aborder tous les genres. Avec l’Ensemble Aedes, dont il est fondateur et directeur artistique, il se produit dans les plus grandes saisons musicales et collabore avec des formations renommées dans l’interprétation du répertoire vocal et instrumental comme Les Siècles, l’Ensemble intercontemporain, l’Orchestre de Paris, l’Orchestre Philharmonique de Radio France…

Clé d’écoute pour mieux saisir deux grandes œuvres.

Si la Messe op.48 de Fauré est sans doute l’un des Requiems les plus joués (avec ceux de Mozart et de Verdi) et son œuvre la plus connue, elle ne manque pas de nous interroger… Sa composition s’est répartie sur près d’une douzaine d’années pendant lesquelles plusieurs versions se sont succédées. Et puis, malgré ses fonctions d’organiste de La Madeleine, l’on a dit Fauré agnostique : quel message nous délivre-t-il au travers de cette œuvre si particulière ?

Dans La Forêt de glace, les images vidéo, la musique (composée en direct et à vue), le texte (adapté du roman Le Palais de glace de l’écrivain norvégien Tarjei Vesaas) et la danse se rencontrent pour composer une forme à la frontière du ciné-concert et du spectacle vivant.

Dans un paysage de légende façonné par le froid et la glace, au cœur de l’interminable automne norvégien, deux fillettes se découvrent et se reconnaissent. Siss et Unn, Unn et Siss. De caractère apparemment opposé, elles s’attirent et se troublent, jusqu’au soir où les yeux plongés dans un même miroir, elles scellent un pacte, un lien aussi indéfectible qu’inexplicable, ténu comme un cristal de givre et puissant comme le palais de glace figé au pied de la cascade. Le lendemain Unn disparaît… Une intrigue, mystérieuse qui permet une libre interprétation : Siss et Unn sont-elles deux ? Ou bien n’est ce que l’évocation d’une seule et même fillette qui voit s’évanouir l’enfant en elle pour devenir une jeune fille ?