Arnaud Meunier revisite le conte philosophique de Voltaire en un chant salutaire et joyeux porté par huit acteurs-conteurs, un pianiste et un percussionniste.

Dans un univers scénique haut en couleurs Candide nous entraîne à travers un long voyage initiatique. Guerres, tremblement de terre, naufrages, condamnations par l’Inquisition, mythe de l’Eldorado… Rien n’est épargné au jeune héros ! Voltaire fait de Candide une comédie acide sur les puissants, les religions, la bêtise humaine et l’égoïsme de tout un chacun ; ainsi qu’une œuvre pionnière dans sa critique de l’esclavagisme et des différentes formes d’oppression. Autant de raisons excitantes pour (ré)entendre aujourd’hui cet esprit libre et sarcastique qu’était Voltaire. Les interprètes passent sans arrêt d’un personnage à l’autre. En deux heures d’effervescence ininterrompues, ils content autant qu’ils incarnent, s’affligent, se réjouissent, chantent parfois aussi, toutes les aliénations du monde, d’hier comme d’aujourd’hui.

Basarkus a deux têtes, plein de bras et de multiples jambes. Il est heureux en jouant de la guitare à quatre mains, en sautant et en jonglant partout. Mais c’est en découvrant qu’il a deux cœurs qu’il se pose la question avec effroi : « Suis-je un ou deux ? Si je suis deux, je suis qui moi ? »

S’ils sont deux, ils semblent unis pour la vie ! Comme collés, inséparables et indivisibles… Mais poussés par une furieuse envie de découverte, ils vont tenter de se dissocier. Leurs jeux consistent désormais à surmonter leurs peurs. Au cours de leurs aventures, ils découvrent qui ils sont et de quoi ils sont vraiment capables, seuls. La Fabuleuse histoire de Basarkus est une plongée virtuose et malicieuse dans l’univers créé par deux artistes au plateau, Markus au jonglage et Basil en acrobatie, sous la direction de Sylvère Lamotte. Où commence et où finit mon corps ? Qui est cet autre que moi ? Comment l’accepter ? Autant de questions qui construisent cette ode à la découverte de soi.

Tout commence par les douze dieux de l’Olympe, qui après avoir fait la guerre pour établir l’ordre sur la terre, veulent répartir les places entre les hommes et eux.

Amusés par l’homme et sa misérable condition de mortel, ils se régalent à l’idée de lui infliger des épreuves. Et nous voilà partis à suivre l’épopée de Prométhée et Pandore, puis de Persée. Raconter ces mythes aujourd’hui, c’est se rendre compte que nos limites, nos défauts, nos peines, sont à l’œuvre depuis toujours dans l’histoire humaine. Nous les avons actualisés en les rendant accessibles à tous, prenant comme fil rouge les jeux olympiques. Les conteurs sont tantôt joueurs de football, de rugby ou encore supporters de stade. Les dieux les observent d’en haut, s’adressant à eux par téléphone et passant le reste de leur temps à chanter comme des finalistes d’un télécrochet. Qu’est-ce qu’un héros ? Que fait-on au nom de Dieu ? Quelle place pour le droit à la peur ? La mythologie grecque est dans ce sens de toute actualité.

Imprégné de toute la chaleur et la mélancolie liées aux impressions d’enfance, Toutes les choses géniales, de Duncan Macmillan, est un texte autant léger que son sujet est grave : on y suit en effet l’histoire d’une personne qui raconte son expérience de la perte d’un proche à travers un échange avec le public simple et ludique.

Derrière le récit de cette traversée singulière, la pièce invite chacun à questionner son rapport à la vie et à la mort, avec un humour vivifiant. Sans mièvrerie et dans un rapport au public direct, le comédien Didier Cousin flirte avec le stand-up, rythme sa liste hétéroclite des musiques de Cab Calloway, Billie Holiday… et propose finalement un spectacle qui trouve dans les différentes étapes de la vie toutes les raisons de poursuivre jusqu’à la prochaine. Ça commence par une liste au parfum d’enfance : les glaces, les batailles d’eau, les montagnes russes… et ça débouche sur un questionnement profond entre l’acteur et le public sur ce qui fait le prix de la vie.

Dany Laferrière est écrivain. Son premier roman Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer explose en 1985 dans le ciel littéraire du Québec. Depuis, il construit une œuvre patiente et puissante qui illumine les nuits de ses lecteurs. Adaptée au cinéma, traduite mondialement, elle lui vaut de nombreuses distinctions dont le Prix Médicis, et son élection en 2013 au fauteuil 2 de l’Académie française, celui de Montesquieu et de Dumas fils et dont le dernier occupant fut Bianciotti qu’il rejoint dans l’admiration de Borges. À 70 ans, il publie Un certain art de vivre, ce mince livre qui lui aura pris plus de temps que tout autre, car il les contient tous.

Écrivaine attentive aux remous intérieurs des êtres et aux répercussions des échos du monde en chacun de nous. Dans Vivre vite, prix Goncourt 2022 aux éditions Flammarion, elle revient vingt ans après sur la mort de son mari en moto. Un roman qui est une réflexion sur le destin, le hasard, les coïncidences.

L’un des écrivains les plus féconds de notre temps, dont la pensée brillante et le souffle puissant ne cessent d’interroger nos blessures, nos limites. Son dernier livre, Une histoire du vertige (Verdier, 2023), parle des écarts, des tremblements, entre la langue et la vie nue.

L’esprit et la culture hérités de l’antiquité habitent Beethoven, l’homme comme l’artiste. L’idée d’un art bienfaiteur de l’humanité est au cœur de sa démarche créatrice, et la figure du poète antique recoupe chez lui celle du héros romantique. À un moment clé de l’histoire de l’occident, Beethoven investit la musique d’un pouvoir essentiel pour l’homme, celui de lui indiquer la voie d’un monde meilleur. Il attribue à l’art un rôle libérateur. Parmi les figures mythiques invoquées par le compositeur, il en est une centrale, celle de Prométhée…

En lien avec Candide et L’Iliade et L’Odyssée.
Qu’est-ce que l’aventure ? Quelles sont ses différentes formes ?

Jankélévitch : L’aventure, l’ennui, le sérieux, GF
Philippe Perrot : Devenir soi-même, HD philosophie
Giorgio Agamben : L’aventure, Rivages poche Payot

Les Géants de la montagne est la dernière pièce, non achevée, de Pirandello, décédé en 1936. Ce texte est une métaphore de la réalité que vit l’Italie des années 30, avec le fascisme.

Pirandello y pose la question de ce que deviennent les sociétés si des mythes adaptés à leur situation ne les soutiennent pas. Le magicien Cotrone et sa troupe vivent à l’écart du monde, dans une villa où les pouvoirs de l’imaginaire, de la magie et de l’irréel ont toute leur place. Ils y accueillent la troupe de théâtre d’une comtesse, ruinée et rejetée de partout après l’échec de La Fable de l’enfant échangé. Cotrone propose aux acteurs de répéter et de représenter la pièce en petit comité, mais la comtesse tient à la jouer en public. S’ouvre alors la possibilité d’interpréter la Fable devant les Géants de la montagne, des habitants riches et brutaux, qui ont contraint les forces de la nature à obéir à leur volonté.