En première partie de soirée, nous vous proposons Lettres non-écrites, de David Geselson, l’homme du Chœur des Amants.
Il rencontre, dans chaque ville où il joue, des personnes qui n’ont pas pu, su, ou osé écrire une lettre. Cette lettre, il propose de l’écrire, et, si les personnes sont d’accord, de la lire au théâtre. Un prélude subtil à la confession des deux amants qui suit.

En deuxième partie, Chœur des Amants de Tiago Rodrigues
Une femme, un homme, debout face au public, sans artifice, dans un sobre décor. Une figure universelle de l’amour, de ce qui unit deux êtres, de ce qui traverse le temps. Chacun nous raconte leur histoire, de la rencontre initiale à leur possible perte, avec une virtuosité qui permet un va et vient permanent entre leur singularité et le collectif de leur couple. Cette pièce est la première de Tiago Rodrigues, nouveau directeur du Festival d’Avignon.

Un billet pour la soirée

Déa vit dans le nord de la France où elle rencontre un jour Enis, un mineur isolé. Les deux adolescents se dévoilent l’un à l’autre, chacun évoquant un bout de son histoire, de ses rêves et de ses peurs.

Enis a fait un long périple pour arriver en France, il s’est séparé de sa mère en Grèce et a déposé une demande de droit d’asile pour mineur isolé qui lui sera refusée. Cette rencontre change complètement la vie de l’adolescente et déclenche une remise en question radicale. Récit d’apprentissage doublé par un autre fil narratif – l’enquête policière que subit Déa – Celle qui regarde le monde raconte les nouvelles géographies mentales et affectives qui se dessinent dans le fracas de notre monde. Ce spectacle est joué dans une forme adaptée pour les établissements scolaires. Nous vous le présenterons également pour le public en général dans un lieu qui reste à déterminer.


Après dix années de guerre à forger sa valeur dans le fer et la douleur, Ulysse veut rentrer chez lui. En quittant les rives de Troie, il espère que le retour sera aussi prompt que la guerre a été longue. Mais voilà neuf ans qu’il erre en vain sur la mer et que sa terre natale se dérobe sans cesse sous les plis de la mer. Alors Ulysse s’inquiète : et s’il avait traversé une guerre dont on ne revient pas ? Et si, malgré sa valeur, il n’avait pas de quoi payer le prix du retour ? Tandis que L’Iliade raconte comment faire la guerre, L’Odyssée raconte comment en revenir. Au fil des péripéties d’Ulysse se tisse le portrait d’un homme fait de creux et de contradictions qui, soumis aux vents contraires du destin, est prêt à tout pour sauver sa vie et retrouver les siens.

Voilà neuf ans qu’Ulysse erre sur la mer et que sa terre natale se dérobe sans cesse.

Soumis aux vents contraires du destin, il paye le prix pour retrouver les siens. Quelques paillettes et voilà une armure, un peu de peinture et c’est du sang qui coule. Il n’y a pas de héros, seulement des hommes prêts à tout pour échapper à la souffrance. Un diptyque fort et poétique, débordant d’inventivité, qui rend Homère accessible et savoureux.

Qu’est-ce que l’héroïsme ? Pauline Bayle pose la question en adaptant de manière concentrée et fort énergique deux épopées fondatrices, présentées en diptyque. La guerre oppose les grecs aux troyens depuis neuf ans, et il y a urgence à l’achever. Nous allons traverser six jours d’une guerre conduite par la fureur d’Achille à sa patrie.

Arnaud Meunier revisite le conte philosophique de Voltaire en un chant salutaire et joyeux porté par huit acteurs-conteurs, un pianiste et un percussionniste.

Dans un univers scénique haut en couleurs Candide nous entraîne à travers un long voyage initiatique. Guerres, tremblement de terre, naufrages, condamnations par l’Inquisition, mythe de l’Eldorado… Rien n’est épargné au jeune héros ! Voltaire fait de Candide une comédie acide sur les puissants, les religions, la bêtise humaine et l’égoïsme de tout un chacun ; ainsi qu’une œuvre pionnière dans sa critique de l’esclavagisme et des différentes formes d’oppression. Autant de raisons excitantes pour (ré)entendre aujourd’hui cet esprit libre et sarcastique qu’était Voltaire. Les interprètes passent sans arrêt d’un personnage à l’autre. En deux heures d’effervescence ininterrompues, ils content autant qu’ils incarnent, s’affligent, se réjouissent, chantent parfois aussi, toutes les aliénations du monde, d’hier comme d’aujourd’hui.

Les Géants de la montagne est la dernière pièce, non achevée, de Pirandello, décédé en 1936. Ce texte est une métaphore de la réalité que vit l’Italie des années 30, avec le fascisme.

Pirandello y pose la question de ce que deviennent les sociétés si des mythes adaptés à leur situation ne les soutiennent pas. Le magicien Cotrone et sa troupe vivent à l’écart du monde, dans une villa où les pouvoirs de l’imaginaire, de la magie et de l’irréel ont toute leur place. Ils y accueillent la troupe de théâtre d’une comtesse, ruinée et rejetée de partout après l’échec de La Fable de l’enfant échangé. Cotrone propose aux acteurs de répéter et de représenter la pièce en petit comité, mais la comtesse tient à la jouer en public. S’ouvre alors la possibilité d’interpréter la Fable devant les Géants de la montagne, des habitants riches et brutaux, qui ont contraint les forces de la nature à obéir à leur volonté.


Le travail de la compagnie a pour centre l’exploration de l’individu face à des évènements qui le modifient de manière intime. Comment des questions de survie peuvent amener des personnes ordinaires à défier le réel et l’inéluctable. Elle questionne dans ses spectacles le rapport à la mémoire, aux souvenirs, au deuil.

Loss, ou comment une approche subtile et intelligente du théâtre permet d’aborder tous les sujets, et d’apprivoiser nos craintes devant les évènements de la vie.

Dans Loss, une famille, père, mère et sœur, va refuser la mort de leur fils et frère. En effet, le jeune homme, Rudy, un jour n’est pas rentré du lycée. Devant cette réalité tragique, Noëmie Ksicova, nouvelle artiste associée au Théâtre du Beauvaisis, rassemble les ressources du geste artistique pour transformer la perte en une autre façon de vivre avec l’absent. Avec l’aide de sa petite amie, qui parfois endosse les habits du disparu, ils font revivre Rudy. Le deuil prend petit à petit la forme d’une aventure lumineuse, partagée par ces quatre êtres qui apprennent à vivre avec des dimensions du monde que notre modernité rationnelle exclut. Comme l’écrit la metteuse en scène : « pourquoi le seul destin des morts serait leur inexistence ? » Un spectacle tout en délicatesse et en proximité porté par des interprètes étonnants.

Dans une part de son œuvre, Tiago Rodrigues revisite des figures iconiques, en l’occurrence Iphigénie. Il ne s’agit pas de rejouer l’histoire, mais d’interroger la mémoire qui en est restée dans notre imaginaire, au regard de la construction des rapports homme/femme depuis des millénaires.

Car que raconte Iphigénie, sinon la suprématie des guerriers, des héros virils qui, pour parvenir à leurs fins, exigent le sacrifice d’une jeune fille, soi-disant à la demande des dieux ? Dans cette version magnifiquement orchestrée par Anne Théron, sur une digue qui plonge dans l’océan, des ombres attendent que le vent se lève. Ces fantômes sont conviés à confronter leurs souvenirs, à en découdre : pourquoi Iphigénie a-t-elle été sacrifiée par son père, au nom de quelle loi, de quelle obligation ? Pourquoi Agamemnon ne décide-t-il pas de sauver son enfant, en renonçant à la royauté par exemple ? Un texte et une mise en scène qui nous permettent de sentir comment, au fil des millénaires, les êtres humains voient leurs destins non plus dirigés par des dieux, mais par leur libre arbitre.