Tatiana Julien explore des formes spectaculaires hybrides pour plateau et in-situ, mêlant interprètes professionnels et amateurs, et qui s’interrogent sur l’engagement de l’artiste dans le monde, la place d’un citoyen spectateur.

Chorégraphe émergente, elle déploie son travail entre le spectacle vivant et l’art contemporain, avec une attention particulière à la lumière et à la scénographie.

Prendre la main de l’autre, lever son poing, s’enlacer, célébrer. Depuis plus de dix ans, la chorégraphe Joanne Leighton collecte avec minutie des photographies de rassemblements.

De la fête à la protestation, d’un continent à un autre, près d’un millier d’images compose ce corpus, devenu le point de départ de People United. Qu’il s’agisse d’une scène de liesse ou d’une fête de famille, d’une manifestation publique ou d’un groupement citoyen, neuf danseuses et danseurs se fondent dans la peau de ces clichés et redonnent chair à ces images toujours authentiques, brutes et capturées sur le vif. Par leur répétition, leur juxtaposition, telle une cartographie mouvante du savoir visuel, le groupe réactive des gestes ancestraux. Ces gestes qui tous nous unissent et fondent notre humanité. Entre immobilité et chaos, People United affirme ainsi une expression commune : un vocabulaire physique familier et partagé.

Dans le cadre du partenariat avec le Festival d’Automne à Paris, nous sommes heureux de vous présenter un programme autour de Trisha Brown (1936-2017), une chorégraphe majeure de la danse contemporaine mondiale.

Elle a collaboré avec de nombreux artistes, plasticiens, compositeurs, musiciens. Le « mouvement brownien » se caractérise par la mise en espace de formes très élaborées à partir d’une fluidité séduisante et sensuelle. Aujourd’hui la Trisha Brown Dance Company fait vivre l’héritage artistique de Trisha Brown, notamment en reprenant et diffusant les grandes pièces du répertoire. C’est dans cet esprit de conservation et de renouvellement qu’une commande a été passée à Noé Soulier, directeur du CCN d’Angers. Ce qui l’a particulièrement intéressé, c’est de confronter l’approche du mouvement qu’il développe à la manière unique d’aborder le mouvement que partage ce groupe d’interprètes. Il se situe ainsi dans une filiation, car au-delà de leurs différences, son geste porte la marque de la grande chorégraphe.

Un programme à mettre en regard de celui consacré à Pina Bausch et Boris Charmatz avec Café Müller à la MCA.

Dans Gravité, Angelin Preljocaj joue avec l’ennemi du danseur : ce qui l’attire vers le sol et le cloue. Il demande donc à ses interprètes de s’affranchir de la pesanteur, de déployer leurs corps comme autant de figures d’un feu d’artifice incarné, dans un ballet réglé au millimètre, captivant et graphique.

Le plateau baigne dans une lumière lyrique, et les corps s’y attirent et s’y repoussent. Ils s’envolent, ou au contraire s’ancrent dans le sol, selon une partition musicale des plus éclectiques : de Bach à Daft Punk, Xenakis, Chostakovitch, Philip Glass. Le spectacle se conclue sur une interprétation magnifique du Boléro de Ravel. Sa méditation sur la gravité conduit le chorégraphe virtuose à nous offrir un hommage à la grâce dans une écriture des corps au croisement du classique et du contemporain.

Au cœur de la pratique de la chorégraphe, dès ses débuts et jusqu’à aujourd’hui : le yoga, un approfondissement du système de notation Laban, et une fusion toujours davantage approfondie entre techniques somatiques et dispositifs de haute technologie.